Le projet EX-PATRIA. Conflits, contacts et circulations entre Rome et l’Iran dans l’Antiquité tardive est dirigé par Ekaterina NECHAEVA, titulaire de la Chaire Professeur Junior à l’Université de Lille, HUB Société(s).
Le projet étudie les interactions (religieuses, culturelles, éducatives, artistiques, économiques, politiques, etc.) entre les groupes, les communautés et les individus à travers les frontières des empires romain et perse. Il examine la migration et la mobilité transfrontalières et leur rôle dans les processus de formation de réseaux sociaux horizontaux – à l’intérieur des limites des États et au-delà de leurs frontières. La recherche analyse également les mécanismes par lesquels ces formations flexibles ont interagi avec le pouvoir structurel plus rigide des États et de leurs institutions : politiques, militaires, diplomatiques, juridiques ou religieuses.
L’un des objectifs de l’étude est d’analyser l’impact que les migrations transfrontalières, la circulation, la communication et les conflits peuvent avoir sur les membres des groupes et des communautés concernés. Comment ces interactions déterminent les composantes de l’identité des groupes et des individus, comment elles affectent leur loyauté, comment elles génèrent de nouveaux conflits ou favorisent la cohésion interne des communautés.
En mettant l’accent sur l’interconnectivité du monde de l’Antiquité tardive, le projet EX-PATRIA vise à générer davantage de connaissances et à contribuer à une meilleure compréhension des cultures partagées de l’Antiquité tardive mondiale.
Le projet EX-PATRIA s’appuie sur une méthodologie interdisciplinaire innovante comprenant l’analyse des réseaux et spatiale de la prosopographie et des études de cas.
Le projet EX-PATRIA intègre et poursuit également le travail sur l’émigration de l’Empire romain tardif motivée par la dissidence (précédemment financé par l’I-SITE ULNE).
Très diversifié, le monde de l’Antiquité tardive était bien connecté grâce à une mobilité intense de différents types: migrations de populations, mouvements de groupes et déplacements individuels. Les sources originales et l’historiographie moderne se sont principalement concentrées sur les migrations massives vers l’Empire romain et sur la gamme des crises attribuées à ces mouvements. Cependant, l’Empire romain n’était pas seulement un lieu d’immigration mais aussi celui d’émigration. L’Empire perse sassanide accueillait fréquemment des déserteurs et des fugitifs romains. Des groupes et entités ‘barbares’ pouvaient agir comme des sociétés d’accueil acceptant des migrants du puissant État romain.
EX-PATRIA déplace l’emphase traditionnellement mis sur la mobilité entrante vers celle sortante, dans le but de scruter le phénomène du mouvement « à contre-courant » et les raisons qui le sous-tendent. Des recherches préliminaires révèlent qu’une part considérable de cette mobilité sortante a été favorisée par des différents types de dissidence et de conflits internes dans diverses parties du monde de l’Antiquité tardive. Le projet évalue le spectre des différents types de conflits (religieux, militaires, politiques) à l’origine de départs individuels ou collectifs.
Nous envisageons de montrer comment les types de dissidence variaient à travers les différentes couches sociales et les différents territoires de l’Empire romain, révélant les caractéristiques comparatives des sociétés d’envoi et d’établir les particularités des expériences individuelles de dissidence et de migration, la spécificité des réponses structurelles aux actes de départ (liés au problème de la citoyenneté et de la loyauté) et des attitudes du public à l’égard de l’émigration (allant de l’association du sortant à la trahison à l’expression des idées de cosmopolitisme).